vendredi 3 août 2012

NUIT D'ÉTÉ


Il se fait tard.  Très tard.  Par la fenêtre, je peux voir le ciel sombre.  La nuit me bouleverse.  La nuit est très humide.  Les draps collent à ma peau.  La sueur de nos ébats a rendu mon corps poisseux.  Je tremble encore.  Je souffre de cette angoisse qui monte.  Je la sens vivre en moi.  Elle m’étreint au point de freiner ma respiration.  Mais j’aime le silence de cette nuit.  Je voudrais choisir le moment où je verrai apparaître les premières lueurs d’un autre jour.  Un frisson m’envahit soudain.  Je sens naître le désir de nouveau.  Un désir sauvage de m’offrir encore.  Je sais comment chasser l’impression étrange d’être vivante.  La douleur de vivre.  Mais de nouveau, un silence oppressant.  Encore une fois, ce vertige...  Je ne vis plus que pour dissiper ce malaise.  J’entends les plaintes de chats qui vivent la nuit comme un appel sourd et gémissant.  J’aimerais me glisser lentement par une petite ouverture et me fondre à ce paysage calme et mystérieux.  Humer l’odeur de la pelouse verte et rafraîchie par cette fine pluie tombée un peu plus tôt.  Le ventre au sol, respirer l’odeur de la terre.  De la langue, goûter à cette nouvelle pousse née de cet arbre qui me fait frémir lorsque le vent secoue un peu ses feuilles.  Devenir une ombre qui se mouvoit lentement, tout doucement vers l’inconnu.  L’instinct animal de la survie.  Mon dos se courbe et je me dresse.  Je tends l’oreille.  Je sens le danger.  Je continue d’avancer.  Je m’arrête.  Et je me glisse de nouveau dans la nuit.  Le temps n’existe plus.


Ton corps s’est rapproché du mien.  Je reste immobile.  Mon désir s’est éteint.  La souffrance a disparu.  Le silence est lourd.  Et cette nuit qui n’en finit plus...  J’appréhende ce lendemain où l’agitation viendra troubler mon sommeil.  Prolonger cet instant de paix.  Me laisser habiter par cette quiétude qui coule dans mon corps repu et las.  Mes jambes sont lourdes et mes bras engourdis par la fatigue d’une passion éreintante.  Mon regard s’est perdu quelque part.  Un vent léger se glisse à l’intérieur.  Je remonte les draps que j’avais écartés.  Un dernier frisson.  Je combats le sommeil.  Je ne peux me résigner à quitter le sentiment troublant de cette nuit sombre et sans étoiles.  J’ai envie maintenant de voir se lever un matin doux, clair et calme.  J’ai besoin de cet équilibre pour apaiser mon tourment.  Je bouge à peine.  Je ne veux rien précipiter.  Mon regard s’est posé tendrement vers toi.  Vers ce corps nu et musclé.  Ces fesses rondes, joufflues.  Mes mains s’égarent sur ton corps.  Tu sembles t’éveiller.  Le désir renaît...