mardi 18 septembre 2012

Réflexions humaines


La maladie mentale est un miroir à peine déformant de ce que nous sommes tous, fragiles, sensibles et aussi parfois incroyablement résistants. Chaque voix compte dans le grand concert.
Alexis Martin

Mais j'ai compris que tout le monde est différent - différent, tout comme moi. Tout le monde est quelqu'un d'ordinaire qui marche sur le chemin que Dieu a mis devant lui. La vérité c'est que même si on est riches ou pauvres ou quelque part entre les deux, cette terre est pas notre dernière demeure. Donc, on est tous un peu des sans-abri, on fait juste marcher vers notre vraie maison. 
Ron Hall, Denver Moore avec Lynn Vincent - Différent, tout comme moi: le destin de deux hommes d'univers différents unis par une amitié hors du commun 

Se libérer. La simple lecture de ces deux mots provoque une grande sensation de paix. Et vous, quelles sont vos chaînes? De quoi aimeriez-vous vous libérer?
Auteur inconnu

Personne ne peut vous faire sentir inférieur aux autres sans votre consentement. 
Eleanor Roosevelt

L'action concrète est toujours préférable aux ruminations négatives.
David Servan-Schreiber - On peut se dire au revoir plusieurs fois

Le fugitif n'aime pas être branché, il ne veut pas être joint. Inutile de prendre contact avec l'âme qui tente de s'évader. À quoi sert de partir si c'est pour être rejoint. Il faut toujours se garder un petit peut-être dans la vie. Car nous ne sommes sûrs de rien. 
Serge Bouchard - Les corneilles ne sont pas les épouses des corbeaux




vendredi 3 août 2012

NUIT D'ÉTÉ


Il se fait tard.  Très tard.  Par la fenêtre, je peux voir le ciel sombre.  La nuit me bouleverse.  La nuit est très humide.  Les draps collent à ma peau.  La sueur de nos ébats a rendu mon corps poisseux.  Je tremble encore.  Je souffre de cette angoisse qui monte.  Je la sens vivre en moi.  Elle m’étreint au point de freiner ma respiration.  Mais j’aime le silence de cette nuit.  Je voudrais choisir le moment où je verrai apparaître les premières lueurs d’un autre jour.  Un frisson m’envahit soudain.  Je sens naître le désir de nouveau.  Un désir sauvage de m’offrir encore.  Je sais comment chasser l’impression étrange d’être vivante.  La douleur de vivre.  Mais de nouveau, un silence oppressant.  Encore une fois, ce vertige...  Je ne vis plus que pour dissiper ce malaise.  J’entends les plaintes de chats qui vivent la nuit comme un appel sourd et gémissant.  J’aimerais me glisser lentement par une petite ouverture et me fondre à ce paysage calme et mystérieux.  Humer l’odeur de la pelouse verte et rafraîchie par cette fine pluie tombée un peu plus tôt.  Le ventre au sol, respirer l’odeur de la terre.  De la langue, goûter à cette nouvelle pousse née de cet arbre qui me fait frémir lorsque le vent secoue un peu ses feuilles.  Devenir une ombre qui se mouvoit lentement, tout doucement vers l’inconnu.  L’instinct animal de la survie.  Mon dos se courbe et je me dresse.  Je tends l’oreille.  Je sens le danger.  Je continue d’avancer.  Je m’arrête.  Et je me glisse de nouveau dans la nuit.  Le temps n’existe plus.


Ton corps s’est rapproché du mien.  Je reste immobile.  Mon désir s’est éteint.  La souffrance a disparu.  Le silence est lourd.  Et cette nuit qui n’en finit plus...  J’appréhende ce lendemain où l’agitation viendra troubler mon sommeil.  Prolonger cet instant de paix.  Me laisser habiter par cette quiétude qui coule dans mon corps repu et las.  Mes jambes sont lourdes et mes bras engourdis par la fatigue d’une passion éreintante.  Mon regard s’est perdu quelque part.  Un vent léger se glisse à l’intérieur.  Je remonte les draps que j’avais écartés.  Un dernier frisson.  Je combats le sommeil.  Je ne peux me résigner à quitter le sentiment troublant de cette nuit sombre et sans étoiles.  J’ai envie maintenant de voir se lever un matin doux, clair et calme.  J’ai besoin de cet équilibre pour apaiser mon tourment.  Je bouge à peine.  Je ne veux rien précipiter.  Mon regard s’est posé tendrement vers toi.  Vers ce corps nu et musclé.  Ces fesses rondes, joufflues.  Mes mains s’égarent sur ton corps.  Tu sembles t’éveiller.  Le désir renaît...





mardi 24 juillet 2012

Mes petits bonheurs


  • Un matin ensoleillé où l'air est frais et que tu sens que ce sera une journée magnifique
  • Une lecture passionnante dans un hamac par une superbe journée d'été
  • Le chant d'un oiseau et l'émerveillement de l'apercevoir sur une branche, tout près
  • La contemplation d'un nouveau jardin aménagé avec beaucoup de travail, de patience, d'énergie et d'amour
  • La douceur de ton chaton qui dépose sur ton bras sa petite patte blanche
  • Une parole rassurante d'une nouvelle amie et une invitation à sortir
  • L'attente d'un souper entre vieux amis qui, tu le sais déjà, sera comme toujours extrêmement agréable et plein de fous rires

Aujourd'hui j'ai appris...

Que lorsqu'on est authentique, honnête et vraie, les amitiés que l'on crée résistent au temps et aux épreuves.  
Que les nouvelles amitiés doivent être traitées avec délicatesse, douceur et qu'elles peuvent nous réserver de belles surprises.
Que l'amour véritable peut faire une différence.
Que l'amour que l'on porte à un animal nous est rendu.





mardi 24 avril 2012

Le piano russe





Il reposait dans un silence qui semblait s'éterniser depuis des siècles, tout au fond d'une salle humide et sombre qui autrefois s'animait de voix toutes plus fortes les unes que les autres dans un bain de fumée grise.  


Les verres s'entrechoquaient et l'on trinquait joyeusement à la liberté retrouvée...
Parmi les buveurs assoiffés, cette longiligne dame aux cheveux ondulés, souriant aux hommes qui lui offraient un regard chargé de leur émoi et de leur maladresse.  Elle filait entre les tables dans une grâce et une félinité toute naturelle.  Chaque pas semblait léger, aérien et lui conférait une fluidité étonnante.


Quelque part entre deux tables rondes, elle se penchait légèrement pour murmurer à l'oreille de l'un ou écouter les propos anodins d'un autre avec un sourire charmeur mais aussi parfois un rire enjôleur qui lui permettait de séduire de façon plus affirmée les hommes attablés.  Depuis quand Miroslava s'était-elle ainsi attendrie devant un auditoire,  mâle de surcroît?  Sûrement depuis qu'elle pouvait fièrement porter ce prénom qui signifie en slave, paix et gloire.  Mais malgré la légèreté de son être, Miroslava traînait avec elle le poids de cette guerre qui s'achevait.  Son sourire, feint parfois, lui permettait d'errer ainsi parmi ses compatriotes sans leur offrir sa vérité, sa douleur, son désespoir.


En des temps meilleurs, cette grande cantatrice offrait à son public des mélodies sensuelles et chaudes dans cette salle bondée et enfumée.  La Grande Miroslava sur une scène, accompagnée de son pianiste et amant, illuminait la grande salle de son talent et de son charisme.  Ce début de vingtième siècle se permettait tout les possibles et était affamé d'avenir et de promesses.  Milovan, l'accompagnateur fidèle et amoureux de Miroslava ne la quittait jamais.  Sa musique vibrait au charme et à la voix de cette cantatrice célèbre.  Elle ne lui offrait que son corps et protégeait jalousement son âme des tourments de l'amour.


Peut-être qu'en d'autres temps ou d'autres lieux, leur histoire aurait été différente.  C'est ainsi que Miroslava déambule entre les tables, ici et ailleurs, au même moment, souriant faussement, le coeur en déroute.  Il y a quelques semaines, Miroslava a retrouvé dans le piano de Milovan ce poème de Pouchkine qu'il avait pris soin de retranscrire à la main et qui lui était adressé:


Я вас любил : любовь еще, быть может,
В душе моей угасла не совсем;
Но пусть она вас больше не тревожит;
Я не хочу печалить вас ничем.
Я вас любил безмолвно, безнадежно,
То робостью, то ревностью томим;
Я вас любил так искренно, так нежно,
Как дай вам бог любимой быть другим.  


Je vous aimais... et mon amour peut-être
Au fond du cœur n'est pas encore éteint.
Mais je saurai n'en rien laisser paraître.
Je ne veux plus vous faire de chagrin.
Je vous aimais d'un feu timide et tendre,
Souvent jaloux, mais si sincèrement,
Je vous aimais sans jamais rien attendre...
Ah! puisse un autre vous aimer autant.



Avec la disparition de Milovan durant la guerre civile russe, la voix de Miroslava s'est éteinte à jamais.  Le piano de Milovan, lui, s'est tu dans un silence profond et lourd.  



La rivière

Notre rivière que j'ai hâte de retrouver par temps clair et ensoleillé.

Silence et page blanche

Blogueuse spontanée indisciplinée... une curieuse silencieuse!
C'est bien ainsi que je me suis décrit.
Indisciplinée, sûrement!
Et très certainement silencieuse immanquablement!
La vie qui va... ici et là!
La plume qui paresse, les mots qui me délaissent...
La page blanche qui s'obstine, qui s'entête...


Ça suffit, on écrit!

vendredi 6 avril 2012

Naissance d'un livre

Un petit bijou de film sur la naissance d'un livre selon les méthodes traditionnelles d'impression et de reliure.  Un art en voie d'extinction...



Birth of a Book from Glen Milner on Vimeo.

Les oies sauvages

Un superbe texte... Un excellent album...



Elles arrivent au printemps
Sur les ailes du vent
Par les routes de l'air
Drôle de géométrie
C'est un fil qui les lie
Dans leur vol angulaire
Toutes unies à la chaîne
Derrière l'oie-capitaine
Qui connaît le chemin
Le nid originel
La toundra les appelle
Et guide leur instinct
Tour à tour elles prendront
La tête du peloton
Le temps d'une gouvernance
Jusqu'au bout de leurs forces
Elles bomberont le torse
Pour que le groupe avance
Une fois épuisées
La place sera cédée
À un autre plus fort
Et le chef volatile
Prend la queue de la file
Fier de tous ses efforts
À chaque nouveau passage
Des volées d'oies sauvages
J'entends comme un appel
Une voix qui me répète
Que malgré les défaites
On a encore nos ailes
Quelle belle leçon
Que ces oiseaux nous font
Obstinés et fidèles
Colle-moi qu'on se console
Et qu'ensemble on s'envole
Dans les draps bleus du ciel


(S. Archambault / B. Archambault)
Mes Aïeux - À l'aube du printemps


vendredi 30 mars 2012

Partir...




"Les voyages repoussent mes limites"

"Les voyages libèrent la spontanéité.  Comme dans l'enfance, on ouvre la porte et - pour la première fois - on reçoit le monde."


"Le désir de partir m'irrigue autant que celui, intense, de rester chez moi.  Comme un principe thermodynamique, aux forces égales et opposées." 

Saveurs vagabondes - Une année dans le monde, Frances Mayes 

samedi 24 mars 2012

SECRETS DU COEUR


Cette porte qui s’ouvre, qui invite
Aux caresses, à l’amour qui évite
Les mots, les promesses qui exigent
D’appartenir, de donner, qui enivrent
Seuls nous sommes et demeurerons
Dans la joie, le plaisir, nous nous tairons
Le silence et l’attente, passent les jours
Comment taire et vivre ce tendre amour
Ces yeux qui questionnent, qui pétillent
Reconnaissent en celle qu’allume et brille
Tant de charme, de chaleur qui cache
Ces secrets du cœur, désirs fugaces
Savoir oublier que le temps s’écoule
Arrêter le passage de ces eaux troubles
Encore et ici mon âme se questionne
Paroles, tristesse, regrets, beau jeune homme

Les règles d'or de la vie


Si vous l'avez ouvert, refermez-le.
Si vous l'avez allumé, éteignez-le.
Si vous l'avez déverrouillé, verrouillez-le.
Si vous l'avez cassé, admettez-le.
Si vous ne pouvez pas le réparer, appelez quelqu'un qui le peut.
Si vous l'empruntez, rendez-le.
Si vous l'appréciez, prenez-en soin.
Si vous faites un gâchis, nettoyez-le.
Si vous le déplacez, replacez-le.
Si ce n'est pas de vos affaires, ne posez pas de questions.
Si cela peut illuminer la journée de quelqu'un, dites-le.
Si cela peut ternir la réputation de quelqu'un, taisez-vous.     
Auteur inconnu

samedi 17 mars 2012

Dame de pique

Elle siège au-dessus de ses sujets et survole de son regard hautain l'audience de ses petits valets.  Le roi de coeur, effacé et soumis assiste impuissant aux manipulations de sa reine.  Sa cour est composée de jeunes indécis qui boivent ses paroles.  Ils se questionnent sur le  sens des mots d'une majesté énigmatique et inquiète.  Son front large et volontaire, parsemé de rides trahit ses désirs cachés.  Les lèvres qui remuent dans un babillage interminable tentent de convaincre la cour de son autorité.  Par d'habiles compositions verbales, manipulant l'inconscience de ses sujets, la reine parvient à aveugler la petite nymphette aux yeux brillants.  Son regard perçant réussit à glacer d'effroi celle qui se révolte contre son autorité.  La petite délinquante et insoumise entre alors en elle pour siéger à la cour des âmes sensibles.






La jeune insouciante tait sa colère pour l'équilibre du monde. Le fou du roi cabriole en traversant la grande salle mais échoue à faire rire ce public triste et silencieux.  Le valet de coeur, plié en deux s'y retrouve à peine dans ce cercle vicieux inconvenant et ambigu.  Il ira chercher ailleurs l'harmonie de la meute sans s'avouer que les incompris sont partout.  Le glas sonne pour rameuter la cour conviée au banquet, servi pour les ancêtres de ce théâtre ridicule.  Les acteurs de la scène saluent et s'agenouillent en se nourrissant des échecs des autres.  Ils s'abreuvent du sang de leurs ennemis et poursuivront leur quête de sens dans d'autres lieux, d'un autre temps.  Chaque partisan de la reine en déroute marchera dans les pas du troupeau hésitant.  Seule la nymphette au regard pénétrant jurera fidélité à la reine mais ignorera les suivants.  

mardi 13 mars 2012

Carpe diem









Chaque moment volé aux longues heures du temps est une grâce, plaisir pur et distraction essentielle.  Voyager par la plume est un doux périple.  Baume pour le coeur et repos de l'esprit.  À travers moi, les mots me transportent et permettent à ma tête de se diviser. Solitude et silence peuvent s'alourdir de tristesse pour celui qui questionne les absences et les maladresses.  Le retard, bien souvent, fait fi des promesses.  Et les heures s'égrènent et fuient lentement.  Il suffit d'accepter le vide du jour et la richesse des autres.

dimanche 11 mars 2012

Naissance d'un printemps


Parc régional éducatif Bois de Belle-Rivière
(Mirabel)
Parc régional éducatif Bois de Belle-Rivière
(Mirabel)



La lumière était belle,
l'air était doux,
les chevaux passaient sans bruit,
nous avons marché dans un printemps naissant,
avons respiré les effluves d'antan,
étions heureux d'être vivants.




mercredi 7 mars 2012

Ce qu’on peut apprendre d’un chien


  1. Ne ratez jamais l’occasion de faire une virée.
  2. Vivez l’extase de l’air frais et du vent qui vous fouette le visage.
  3. Lorsque ceux que vous aimez rentrent à la maison, courez toujours vers eux pour les accueillir.
  4. Lorsqu’il y va de votre intérêt, faites toujours preuve de docilité.
  5. Avertissez les autres lorsqu’ils envahissent votre territoire.
  6. Faites des siestes et étirez-vous toujours avant de vous lever.
  7. Courez, gambadez et jouez à chaque jour.
  8. Mangez avec délectation et enthousiasme.
  9. Soyez loyal.
  10. Ne prétendez jamais être ce que vous n’êtes pas.
  11. Si ce que vous cherchez est enterré, creusez jusqu’à ce que vous le trouviez.
  12. Lorsque quelqu’un passe un mauvais moment, gardez le silence, assoyez-vous tout près et blottissez-vous doucement contre lui.
  13. Savourez le plaisir de prendre une longue marche.
  14. Appréciez l’attention qu’on vous accorde et laissez les gens vous toucher.
  15. Évitez de mordre quand un simple grognement suffit.
  16. Les jours de canicule, buvez beaucoup d’eau et étendez-vous à l’ombre d’un arbre.
  17. Lorsque vous êtes heureux, sautez de joie et bougez tout votre corps.
  18. Peu importe combien de fois on vous critique, ne tombez pas dans le piège de la culpabilité et ne boudez pas. Retournez en courant vous faire des amis.




dimanche 4 mars 2012

Aime

Aime ce que tu fais
Fais comme tu penses
Pense avant de t'animer
Anime ce qui te vient
Viens là où l'on voit
Vois ce qui va s'ouvrir
Ouvre ce que l'on te donne
Donne à qui tu ouvres
Ouvre-toi à qui tu aimes
(Pierre Morency – À l’heure du loup)

samedi 3 mars 2012

Le marin

La chaloupe dormait sur le sable fin où aucun homme n’avait marché depuis des mois.  Il n’y avait qu’une vieille rame, rongée par le sel de la mer, qui longeait l’embarcation vide.  Il se tenait debout, tout près de celle qui lui avait permis de se retrouver ici, seul et vivant.  Il était si fatigué.  La mer ne lui avait laissé aucun répit.  Il avait mené un dur combat avec elle pendant des heures, des jours interminables, sans relâche.  Il est si fatigué.  Il regarde autour de lui.  Il aperçoit quelques maisonnettes très, très loin là-bas.  Près de lui, des arbres qui semblent l’attendre pour lui apporter repos et réconfort.  Il doit marcher un peu vers eux.  Ses jambes semblent ne plus vouloir le porter.  Il marche pieds nus.  Et s'il s'allongeait un peu dans ce sable fin et chaud.  Et s'il fermait les yeux.  Et s'il se donnait le droit de s’assoupir un court moment...  Juste le temps de permettre à son corps de se calmer en pansant ses blessures.  Il a été malmené si durement.   Il lui a permis de survivre.  Il lui doit bien de se reposer.  


Il ignore comment cette mystérieuse aventure a débuté.  Il ne se souvient que d'une profonde obscurité et de ce phare qui balayait incessament le ciel.  L’eau qui tourbillonne.  L’encre de cet immense bateau sombre, noir qui lui fait face et semble se balancer dans un vide incommensurable.  Il a sûrement perdu conscience.  Il n'a aucun souvenir de ce qui a suivi.  Il veut dormir un peu.  Le temps peut bien s’arrêter ici.  Il ferme les yeux. Il respire lentement.  Les arbres l'attendront.  Il a besoin de repos.   Mais cette soif, cette envie de boire qui le tenaille.  Et s'il faisait l’ultime effort de marcher vers cette île de verdure?  Il marche.  Il plie l’échine, il va pieds nus vers cet espoir de trouver de quoi se rafraîchir et se revigorer.  La route lui semble si longue.  Et si elle lui permettait de trouver enfin la paix?  Il marche encore un peu.  Ses genoux semblent vouloir flancher.  Il avance quand même malgré la brûlure et la sécheresse de sa bouche.  Il fait si chaud ici.  Pourquoi continuer?  Il le faut.  Il sait qu'il marche pour apaiser sa souffrance.  Il marche donc sans s'arrêter...


Huile sur toile peinte par Yves Des Lauriers,
un homme de grand talent disparu trop tôt (1956-2006)


dimanche 26 février 2012

Réflexions...


Un jour, on demanda à l'écrivain Léo Buscaglia d'être juge dans un concours consistant à trouver l'enfant qui avait le plus grand cœur.  
Le gagnant fut un petit garçon de 5 ans dont le voisin d'à côté était un vieux monsieur qui venait de perdre sa femme.  Lorsque le garçonnet vit le vieil homme pleurer dans sa cour, il s'approcha de lui, s'assit sur ses genoux et resta là sans bouger.
Lorsque sa mère demanda à son fils ce qu'il avait dit au voisin pour le consoler, l'enfant répondit :  

- Rien, je l'ai seulement aidé à pleurer.

vendredi 24 février 2012

Enfer blanc




C'est dans le silence de l'enfer blanc

Que je revois ton visage, que j'attends

Les branches des arbres dormant

Sous le poids du verglas, pendant

Que la flamme vacille et éclaire mes mots

Le calme s'installe sans autre propos

Que tes yeux se posent, bleus et doux

Sur mon visage qui cherche sans savoir où

Tes pas se posent, vers quelle chaumière

Mon appel, sans écho, ma faible prière

Près de toi, avec toi, douce et légère

Ta voix que j'entends, belle, que j'espère

Mon doux, mon tendre, mon amant

L'hiver dur et froid, sec, pénétrant

Me sépare de toi maintenant, longtemps

Trop longtemps, trop vite et brusquement

Le doute, l'espoir traverse les eaux

Des rencontres, des remous, de ta peau

Caressant en silence, ta voix, tes mots

Résonnant dans mon coeur, doux et chaud

Le vieil homme







Le vieil homme ne sut jamais que répondre lorsqu'une douce et tendre personne lui demandait s'il était heureux.  Il disait que le bonheur est intime, que c'est un secret pour chacun et qu'il y avait autant de bonheurs que d'êtres humains.  Le bonheur disait-il est un secret bien gardé.  L'homme parle rarement du bonheur.  Il n'aura aucune difficulté à exprimer ses désirs, ses attentes, ses embûches.  Mais il restera muet à décrire ce qui le rend heureux.

Le vieil homme fit une pause.  Son regard traversait les océans et se perdait dans le ciel très bleu et magnifiquement clair cette journée-là.  Il semblait revoir sa vie entière en un court instant et laissa échapper un léger soupir qui le contraignit à baisser la tête.  Une larme coulait lentement sur la joue du vieillard.  Alors la petite fille s'avança doucement et de son petit doigt frêle, essuya lentement ce brin de nostalgie qui reposait maintenant sur les lèvres de son grand-papa chéri.

Il eut soudain envie de se lever, prit la petite menotte de cette enfant si douce et avança tranquillement vers la mer.  Il aimait sentir cette main dans la sienne.  Il aimait marcher avec elle.  Dieu, qu'il aimait cette jolie petite fille avec ses yeux noisette, bien ronds, si intelligents et tendres à la fois.  Ses boucles brunes entourant son joli petit visage lui donnait un air angélique.  Sa petite robe orangée à pois blancs qui se soulevait lentement sous la caresse du vent.  Il aimerait tant se balader sans fin à ses côtés et la voir grandir tout près de lui.  Il voudrait tant se faire le gardien de ses nuits et vivre toujours près d'elle afin de la protéger.  Il savait bien que sa propre vie s'achevait et qu'il devrait un jour lui dire adieu.  Cette idée l'attristait autant que le jour de la mort de sa femme adorée.  Cette femme à l'allure imposante avec qui il avait tout partagé.

Il se doutait bien que la question de cette jeune enfant si fragile, qui désirait savoir si son grand-père était heureux, n'avait rien de l'innocence et n'était sûrement pas anodine.  Elle savait si bien lire en vous et découvrir ce que vous aviez de plus secret.  Elle avait ce don de deviner les autres et même de prévoir leurs réactions.  Elle avait donc ressenti la tristesse qui habitait le vieil homme, ce sentiment que le jour du départ approchait.  Il lui apprit à regarder la mer avec des yeux admiratifs et ainsi transformer son regard pour toutes les créations de la Nature.  Il lui apprit le respect de cette Nature et le sens profond de la joie et de l'émerveillement.  Ils marchèrent ainsi un long moment, main dans la main, pieds nus sur le sable fin, échangeant parfois des regards complices chargés de tendresse et d'amour.  Qu'il aimait cette petite frimousse, ce petit nez si coquin et cette petite bouche qui savait offrir un sourire à vous faire palpiter le coeur.  Elle lui manquera cette si belle enfant dans l'autre Monde !  Que pourrait-il bien lui dire, que pourrait-il bien faire pour la prévenir de son départ, pour que la douleur de la perte lui apprenne le sens de la Vie ?

Elle le regarde tendrement, elle lui sourit pendant que ses petits pieds potelés s'agitent dans les vagues.  Il ne sait quoi lui dire... L'émotion l'étreint et l'empêche d'acheminer les mots jusqu'à sa bouche.  Il faut pourtant lui dire... Il aperçut un rocher à proximité où quelques oiseaux s'amusaient à cache-cache en cherchant ça et là de quoi se nourrir.  Il l'invita à s'asseoir un instant près de lui, prétextant une fatigue tout à fait normale, il va sans dire, pour un homme aussi âgé que lui.


mardi 21 février 2012

Quand les mots restent cachés...

Plusieurs de mes textes dorment depuis longtemps dans un classeur, lui-même bien à l'abri dans une penderie. D'autres plus timides se cachent dans des cahiers oubliés au fond d'une vieille bibliothèque en bois. J'ai bien envie de leur faire voir la lumière du jour...